samedi 11 mai 2013

Article de l'éminent entomologiste tchèque Syn Civodulowski.


 Le "faux-bourdon qui se prenait pour une reine" ou « Du syndrome
      de celui qui voulait triompher sans péril et donc aussi sans gloire ».



      Le Maître des Collines est une abeille au sexe ambigu.


      Rappelons qu’existent chez ces hyménoptères trois types
      d’individus : les reines, les ouvrières et les faux-bourdons.
      Seuls les faux-bourdons sont de sexe mâle ; les reines et les
      ouvrières sont quant à elles de sexe femelle. Ce sont ces
      dernières qui forment le noyau de la ruche, chaque ruche étant par
      ailleurs identifiable à la présence d’une reine unique. Une fois
      fécondée par les faux-bourdons, la reine assure la reproduction de
      l’espèce. Quant aux ouvrières, elles sont à son service de même
      qu'à celui de l’ensemble de la ruche. Ce sont elles qui produisent
      la gelée royale, cette substance nutritive exclusivement réservée
      à la sustentation de la reine, de même que le miel destiné à
      l’alimentation des jeunes larves.


      L’entourage de Demotte est une ruche. Toutes les abeilles,
      ouvrières ou faux-bourdons, s’affairent autour de lui, les
      premières secrétant la savoureuse gelée royale nécessaire à son
      développement, les seconds vibrionnant à ses côtés dans l’espoir
      de pouvoir le féconder de leurs idées polliniques et insignifiantes.


      Le problème, c’est que Demotte n’est pas une reine, mais un
      faux-bourdon qui s’ignore, … qui s’ignore d’autant mieux que sont
      atrophiés ses attributs d’abeille mâle. Il n’est donc tout au plus
      que ce que l’on pourrait appeler un faux faux-bourdon. Toutes les
      abeilles autour de lui néanmoins, aveuglées par son apparence
      trompeuse, le prennent pour une reine.


      À vrai dire, la seule reine de cette ruche en délire n’est autre
      que la Divine mais elle non plus n’a pas pris conscience de sa
      véritable identité, car elle n’a pas encore goûté au délice de la
      gelée royale. Elle ne se prend pour l’heure au mieux que pour une
      bien mignonne petite ouvrière, roborative et mielleuse à souhait
      (… il est vrai que dans le développement des abeilles, de l’état
      larvaire ou de nymphe à celui d’insecte abouti, la différenciation
      entre la reine et l’ouvrière ne survient qu’assez tard !).


      La monstruosité relève donc bel et bien ici de ce qu’il est
      convenu d’identifier à une imposture : un faux-bourdon à
      l’identité douteuse se prenant pour une reine, se gorgeant de la
      gelée royale normalement réservée à la reine de la ruche. Pour
      sûr, le drame éclatera quand, après s’être ainsi repu à l’insu de
      tous de la précieuse gelée et après avoir subi les assauts des
      faux-bourdons tous dards derrière, sa pseudo-fécondité se verra
      confondue, quand donc à l’issue des vingt-jours de gestation ne
      sortiront des alvéoles que pucerons ou punaises, elles-mêmes
      nourries du miel dont on les aura généreusement gavés.


      Alors le plus mâle des faux-bourdons, le seul qui depuis le début
      avait reniflé le pot au miel, découvrira-t-il enfin l’identité de
      la seule et véritable reine, de sa chère Divine, et la
      fécondera-t-il hardiment, reléguant l’ensemble de la ruche,
      ouvrières et faux-bourdons confondus, au rôle de spectateurs ébahis.


      Mais peut-être sera-t-il alors trop tard ! Car déjà la f(r)elonne,
      la plus terrible des prédatrices de l’abeille, est là, qui tente
      de s’introduire dans la ruche pour y dévorer l’ensemble de la
      colonie, se régalant au passage du peu qui sera resté de la
      délicieuse gelée royale.


      Quant au faux faux-bourdon, tout confus, sans doute se
      cherchera-t-il une autre ruche, ailleurs en Wallonie picarde !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

SUPER! Trop Fort...:)